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samedi 1 octobre 2016

Des miracles numériques dans le Coran ? Oui mais dans quel Coran ?

N.B. Cliquez ICI pour la version pour SMARTPHONES
Une série d'articles sur les prétendus "miracles" scientifiques est ICI :

Est ce qu'il y a vraiment des miracles numériques (إعجاز عددي) dans le Coran ?
Le nombre de fois où le Coran mentionne certains mots aurait une signification particulière. On croit que de telles répétitions et de tels agencements ne peuvent pas être le fait du hasard et doivent être des miracles. Ces prétendus miracles n'ont vu le jour qu'au milieu des années 50 en Egypte et les pétrodollars encourageaient par la suite toute recherche suggérant de près ou de loin leur prolifération. Il existerait même des endroits dans le monde musulman où on enseigne ces prétendus miracles aux enfants à l'école (le comble).

Face à ce problème, c’est par l’éducation, la vulgarisation saine et la critique académique que l’on peut lutter contre la diffusion de tels obscurantismes afin de préserver le sens commun de ce qui vise à le corrompre.


Exemple de prétendus miracles : 

Il faudrait écrire des livres entiers pour montrer tous ces prétendus "miracles" numériques dans le Coran. Nous n'allons présenter qu'un seul exemple et normalement tous les autres s'écrouleront à la fin de la lecture de l'article !!

Surfaces occupées par les terres et par les océans
Extrait du site (http://www.miraclesducoran.com/mathematique_01.html) :
"Le mot "terre" // "البر و اليابسة" apparaît 13 fois dans le Coran et le mot "بحر" // "mer" 32 fois, totalisant 45 références. Si nous divisons 13 par 45 nous arrivons à 28,8888%. Et si nous divisons 32 par 45 nous arrivons à 71,1111%. Ce qui est extraordinaire, c'est que ces chiffres correspondent respectivement aux proportions exactes occupées par les terres émergées et les océans !"


Le lecteur est capté par les mots comme "c'est extraordinaire", "cela correspond parfaitement", etc. et ne cherche jamais à vérifier ces élucubrations. Son cerveau est préparé à l'avance à accepter tout ce qui glorifie (à ses yeux) le Coran et la religion même quand il s'agit de mensonge.

En effet, quand on vérifie on trouve en général qu'il s'agit de nombres fabriqués. Après examen, ce "miracle" s’avère faux. 
Le mot "البحر" apparaît 21 fois dans le Coran
Le mot "البحار" apparaît 2 fois dans le Coran
Le mot "ماء" apparaît 26 fois dans le Coran
Le mot "الماء" apparaît 17 fois dans le Coran
On ne voit donc pas par quel calcul magique on peut trouver le nombre 32 du mot "mer" ! (voir http://www.holyquran.net/ pour les différents calculs). Ce "miracle" est donc juste une arnaque !

Imaginons maintenant que tous ces nombres coïncident avec le "miracle" dont ils cherchent à attester. Il y a deux importantes questions qui se posent : 

- Est ce que notre source qui est le Coran dit d'Othmane est "numériquement" unique dans tous les livres (du Coran) du monde islamique ?

- Est ce que ce Coran est une copie conforme du Coran révélé qui est dans la "tablette gardée de Dieu" // "اللوح المحفوظ" ?

Des miracles, oui mais où ?

Comment peut-on comprendre le verset [Hadjr 15:9] ?

سورة الحجر9:15 "إِنَّا نَحْنُ نَزَّلْنَا الذِّكْرَ وَإِنَّا لَهُ لَحَافِظُونَ (9
[Sourate El-Hadjr 15:9] « C'est Nous qui avons envoyé la Récitation (le coran), et sûrement Nous la préserverons » ?

D'après les livres de notre héritage islamique, le Coran tel qu’il est parvenu au Prophète, est la copie projetée d’un archétype consigné sur une "tablette gardée" // "لَوْحٍ مَّحْفُوظٍ" dans l’empyrée céleste, comme le rapporte la sourate al-Bourouj85 :

(سورة البروج:21:22] "بَلْ هُوَ قُرْآنٌ مَّجِيدٌ (21) فِي لَوْحٍ مَّحْفُوظٍ (22]
[Sourate al-Bourouj85-21:22] "Mais c’est plutôt un Coran glorifié. Préservé sur une Tablette (auprès d’Allah)"

Dans les premiers siècles de l'Islam, beaucoup d'ouvrages furent écrits, qui relevaient des différences entre les Corans existants; et bien que le Calife Othmane Ibn Affane affirmât et inscrivit une seule version, il fallut des siècles pour que les "oulémas" musulmans reconnaissent ce livre, et le propagent dans le nouvel empire islamique.

Manuscrit de Birmingham en calligraphie hijazi : comparaison avec le Coran d'aujourd'hui
مقارنة بين مخطوطة برمنغهام و القرآن الحالي

Les différents "Masahifs" // "livres du Coran" pendant les premiers siècles de l'Islam :

Vers l'an 25 de l'Hégire (647 ap J. -C. ou 15 ans après la mort du prophète), le troisième Calife Othman Ibn Affane, charge une commission pour rassembler des manuscrits du Coran dans un nouveau Mos'haf (livre). C'est ce qu'on appelle le Mos'haf d'Othmane et il donne l'ordre de brûler les autres Massa'hif (livres) qui existaient à son époque. Mais contrairement aux mensonges racontés certains maquilleurs, il n'y avait pas consensus et il fallut des siècles pour que les "oulémas" musulmans reconnaissent ce livre. En effet, les conflits entre les musulmans à cette époque furent très violents parfois. L'épouse du prophète Aïcha avant de faire la guerre à Ali Ibn Abi Talib (voir Bataille du Chameau) avait appelé à tuer le troisième Calife Othmane Ibn Affane et elle l'a insulté et traité de "Kafir" et de "sale-juif" (اقتلوا نعثلا فقد كفر) source "تاريخ الطبري جزء 3 صفحة 477".

Revenons aux différends Masa'hifs, Ibn An Nadim // "ابن النديم" (mort au 10e siècle ap J. -C.) dans son livre "al-Fahrass" // "الفهرس", qui est un index complet de tous les livres arabes de l'époque, il relevait les différences entre les Corans existants à son époque (source).
Un petit résumé est décrit dans cette étude :

"فقد ذكر ابن النديم أسماء كتب عدة في اختلاف المصاحف وهي كتاب اختلاف مصاحف أهل المدينة وأهل الكوفة وأهل البصرة عن الكسائي، وكتاب اختلاف المصاحف لخلف، وكتاب اختلاف أهل الكوفة والبصرة والشام في المصاحف للفراء، وكتاب اختلاف المصاحف لأبي داود السجستاني، وكتاب اختلاف المصاحف وجميع القراءات للمدائني، وكتاب اختلاف مصاحف الشام والحجاز  والعراق لابن عامر اليحصبي، وكتاب محمد بن عبد الرحمن الأصفهاني في اختلاف المصاحف"
وقد وصل إلينا أحد هذه الكتب، وهو كتاب المصاحف لابن أبي داود السجستاني المتوفي سنة 316 هـ [...].
وكتب المصاحف التي ذكرها ابن النديم يتراوح ظهورها بين القرنين الثاني والرابع الهجريين.
وقد سبقها جميعا ظهور كتاب ابن عامر المتوفي عام 118 هـ عن اختلاف مصاحف الشام والحجاز والعراق

Revenons aux livres brûlés par le Calife Othmane. Dans le lot, il y avait deux importants Massa'hif : le Mos'haf du compagnon Abdullah Ibn Mas’oud // "عَبْدُ اللَّهِ ابْنِ مَسْعُود" et le Mos'haf du compagnon Obay ibn Ka'b // "أُبَي ابن كَعْب". Pourquoi ces deux Massa'hif sont-ils importants ? Eh bien parce que ces deux compagnons étaient considérés comme étant les plus connaisseurs des versets coraniques à l'époque du prophète et c'est le prophète lui-même qui a conseillé aux musulmans de se référer à eux pour apprendre le Coran :

Hadith rapporté par l'Imam Al Bukhari
"Apprenez le Coran des quatre personnes suivantes : Abdullah Ibn Mas'oud, Sa'lim, Mu'adh Ibn Jabal et Ubai bin Ka'b"    
صحيح البخاري » كتاب فضائل القرآن » باب القراء من أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم
الرسول صلى الله عليه وسلم يقول "خذوا القرآن من أربعة من عبد الله بن مسعود وسالم ومعاذ بن جبل وأبي بن كعب"

Le Mos'haf d'Ibn Mas'oud :
Dans son Mos'haf, le compagnon Ibn Mas'oud ne considérait pas les Sourates 113 et 114 [al-Falaq et an-Nâs] "المعوذتين" et sourate al-Fatiha comme faisant partie du Coran. Pour lui ce sont des "prières" ou Dou'a // "دعاء".

Hadith rapporté par al-Bukhari dans son Sahih, hadith n°4977,
Zirr a dit : “J’ai interrogé Ubayy ibn Ka’b en lui disant : “Abou al-Moundhir ! Ton frère Ibn Mas’oud dit tel et tel propos. Il me dit : J’ai interrogé le Prophète à ce sujet, il me dit : “c’est ce qu’on m’a dit et c’est ce que j’ai transmis!” Alors nous disons comme a dit le Prophète” 

صحيح البخاري  ج 4 ص1904 ح4693  ، ح4692
عن زر قال : سألت أبي بن كعب قلت : يا أبا المنذر ! إن أخاك ابن مسعود يقول : كذا وكذا ، فقال أبي : سألت رسول الله صلى
 الله عليه (وآله) وسلم ، فقال لي : قيل لي ، فقلت . قال : فنحن نقول كما قال رسول الله صلى الله عليه (وآله) وسلم "

Dans ce hadith, on apprend que Ibn Mas'oud dit : "tel et tel propos" mais on ne comprend pas exactement de quel propos il s'agit ! Et c'est une spécificité dans Sahîh Al Bukhari quand dans certains hadiths, peut-être embarrassants, Al Bukhari préférait écrire "tel et tel propos" au lieu de transcrire le propos ! Dans ce cas il faut aller chercher dans d'autres recueils et en général on retrouve le hadith en question avec l'explication recherchée.

C'est le cas pour ce hadith qu'on retrouve, au moins, à deux reprises dans Musnad Ahmad et dans le Mu’jam al-Kabir d’at-Tabarani :

Hadith dans Musnad Ahmad, n°21189
Zirr a dit “J'ai dit à Ubayy: “Ton frère Ibn Mas’oud efface les Sourates 113 et 114 de son Mushaf ", et il (Ubayy) n’objecta pas.” 

Hadith dans Musnad Ahmad n°21188 et dans le Mu’jam al-Kabir d’at-Tabarani
Ibn Mas’oud a effacé al-Mu'awadhatayn de son Codex et a dit qu'elles ne faisaient pas partie du Coran”.

Concernant sourate al-Fatiha, d'autres "oulémas" musulmans ont rapporté que Ibn Mas'oud ne la considérait pas comme faisant partie du Coran (en plus des sourates 113 et 114). C'est le cas d'Ibn Khateer, d'Al Qortobi, d'Ibn Hajar Al Asqalani, etc.  

تفسير ابن كثير ج  4 ص611
بعد أن ذكر ابن كثير الروايات التي تنص على إنكار ابن مسعود للمعوذتين وأنه كان يقوم بحكهما من الصحف ويدعي أنـهما ليستا من كتاب الله ، سكت عنها ابن كثير ، وقال معترفا : " وهذا مشهور عند كثير من القراء والفقهاء وأن ابن مسعود كان لا يكتب المعوذتين في مصحفه

فتح الباري ج  8 ص743
اعترف الحافظ ابن حجر العسقلاني في فتح الباري أن الإجماع لم يتحقق بين الصحابة على قرآنية المعوذتين ، لأن ابن مسعود أنكر قرآنيتهما ، فقال : " وأما قول النووي في شرح المهذب ( أجمع المسلمون على أن المعوّذتين والفاتحة من القرآن ، وأن من جحد منهما شيئا كفر ، وما نقل عن ابن مسعود باطل ليس بصحيح ) ، فـفيه نـظر".

L’Imam al-Qortobi, dans son exégèse “al-Jami’ al-Ahkam al-Qur’an”
“‘Abdullah bin Mas'ud a été interrogé sur la raison de ne pas écrire la Fatiha dans son Mushaf. Il répondit: “Si je devais l’écrire, je l'aurais écrite avant chaque sourate”. Abu Bakr Ibn Dawoud explique cette parole en spécifiant que chaque raka'a (unité de prière) commence par al-Fatiha.”  

Les autres Massa'hif de Ali Ibn Abi Talib et d'Obay Ibn Ka'ab

- Dans le Mosh'af de Ali Ibn Abi Talib, les sourates étaient mises dans l'ordre chronologique de la révélation. La sourate al-Baqara, par exemple, ne portait pas le numéro 2 étant donné qu'elle a été révélée à Médine (Source : الإتقان في علوم القرآن للسيوطي page 137, Al Forqane" d'Ibn Al Khatib, Page 47, etc.).
Extrait du livre "Al Forqane" d'Ibn Al Khatib (mort à Fès en 1374),  Page 47

- Dans le Mosh'af d'Obay Ibn Ka'ab, il y avait 115 sourates au lieu de 114 dans le Mosh'af d'Othmane et l'agencement n'était pas exactement comme celui que nous avons aujourd'hui. Par exemple, sourate A-Nissa'e précédait sourate al-Imrane. Etc.
Extrait du livre "Al Fahrass" d'Ibn Al Nadim (mort en 998), Page 23 

La "Bassmala" // "بسم الله الرحمن الرحيم" est-elle un verset ?

Est ce que la "Bassmala" // "Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux" fait partie du Coran ? Eh bien, les "oulémas" musulmans ne savent pas ! La plupart ne la considèrent pas comme faisant partie des versets révélés et ils s'appuient sur le hadith suivant :

Hadith rapporté par Anas Ibn Mâlik dans Muslim (606), Nasâ'î (892), Ibn Mâja (805), Ahmad (12858), Abû Dâwûd (664) et Mâlik (164): "J'ai fait la prière derrière le Prophète ainsi que derrière Abû Bark, 'Umar et 'Uthmân. Tous commençaient la lecture par : "Al-hamdu li-Llâli rabbi l-'âlamîn". Peronne ne prononçait bismi-Llâ ar-rahmân ar-rahîm (al-Bassmala) au début de leur lecture ni à la fin". 

C'est la raison pour laquelle on la trouve au début de chaque sourate (sauf dans sourate Tawba) et elle ne porte pas de numéro de verset. Mais il y a deux exceptions :

1. Elle est au milieu d'une seule sourate dans le Coran (sourate A-Naml,27) et cette fois-ci elle porte bien un numéro de verset (le n° 30) : سورة النمل 30:27 إِنَّهُ مِن سُلَيْمَانَ وَإِنَّهُ بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ"

2. Elle porte le numéro (1) dans sourate al Fatiha mais seulement dans sourate al Fatiha

L'explication donnée par certains "oulémas" pour justifier ce cafouillage (il y a toujours une explication pour masquer les incohérences !) est liée au verset 87 dans la sourate 15 : "وَلَقَدْ آتَيْنَاكَ سَبْعًا مِّنَ الْمَثَانِي وَالْقُرْآنَ الْعَظِيمَ". Nos "oulémas" ont compris que "سَبْعًا مِّنَ الْمَثَانِي" signifie "sept versets dans sourate al Fatiha". Et comme ils n'ont compté que six, alors ils ont ajouté al "Basamala" pour que ça fasse sept ! C'est donc la raison qui fait que la Bassmala dans sourate al-Fatiha porte un numéro de verset.

Enfin, il faut signaler que dans d'autres livres du Coran, "al-Bassmala" dans sourate al Fatiha ne porte pas de numéro de verset. Et pour que le compte soit bon, on coupe le dernier verset "صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ" en deux pour atteindre le même objectif (sept versets). C'est le cas du Coran avec la lecture de "Khalaf" (voir le paragraphe des "lectures" plus bas).

Les différences dans certaines sourates avant et après l'assemblage de Mosh'af Othmane  

Sourate Tawba 
Ibn Hajar Al Asqalani (بن حجر العسقلاني) dans "Fath al-Bari sharh Sahîh al Bukhari " // "فتح الباري شرح صحيح البخاري" et Al Qortobi dans "Al Jami3 li Ahkam al Quora'n" // "الجامع لأحكام القرآن" (entre autres), rapportent que les deux versets à la fin de sourate [Tawba:9] y étaient ajoutés "par hasard".

حدثنا عبد الله قال حدثنا محمد بن يحيى قال : حدثنا هارون بن معروف ، حدثنا محمد بن سلمة قال ، أخبرنا ابن إسحاق ، عن يحيى بن عباد ، عن أبيه عباد بن عبد الله بن الزبير قال : أتى الحارث بن خزيمة بهاتين الآيتين من آخر السورة : لقد جاءكم رسول من أنفسكم عزيز عليه ما عنتم حريص عليكم بالمؤمنين رءوف رحيم (1) إلى قوله : رب العرش العظيم (2) إلى عمر فقال : من معك على هذا ؟ قال : لا أدري والله إلا أني أشهد أني سمعتها من رسول الله صلى الله عليه وسلم ، ووعيتها وحفظتها ، فقال عمر : « وأناأشهد لسمعتها من رسول الله صلى الله عليه وسلم ، ثم قال : لو كانت ثلاث آيات لجعلتها سورة على حدة ، فانظروا سورة من القرآن فألحقوهما ، فألحقتها في آخر براءة »

الجامع لأحكام القرآن للقرطبي 1_ 24 - 2 -

Sourate Al Ahzzab 
Sourate al-Ahzzab contient 73 versets dans le Mosh'af que nous avons aujourd'hui mais si on prend au sérieux les livres de l'héritage islamique, elle contenait plus de 200 versets et les compagnons ainsi que l'épouse du prophète Aicha la comparait à la sourate al Baqara.

Exemples :
الإتقان في علوم القرآن  الحافظ السيوطي
ما رواه الحافظ السيوطي عن عائشة، أنّها قالت: " كانت سورة الأحزاب تقرأ في زمن رسول الله (صلّى الله عليه وآله وسلّم) مائتي آية،  فلمّا كتب عثمان المصاحف لم يقدر منها إلاّ على ما هو الآن

Aux dires de l'épouse du prophète Aïcha: « Sourate Al Ahzzab comportait du vivant du prophète jusqu'à 200 versets, et quand le Calife Othmane a rassemblé le coran, il n'y en avait plus que 73"
« La perfection dans les sciences du coran », par Jalal Ed-Din El-Syouty, 2ème partie, p.26 

روى ابن حبان في "صحيحه" (4428), الإمام أحمد في " زوائد المسند " (21207) وابن حزم في "المحلى" (12/175) والبيهقي في "السنن" (16911) ، عَنْ زِرٍّ، قَالَ : قَالَ لِي أُبَيُّ بْنُ كَعْبٍ: كَأَيِّنْ تَقْرَأُ سُورَةَ الْأَحْزَابِ؟ أَوْ كَأَيِّنْ تَعُدُّهَا؟ " قَالَ: قُلْتُ لَهُ: ثَلَاثًا وَسَبْعِينَ آيَةً ، فَقَالَ: قَطُّ ، لَقَدْ رَأَيْتُهَا وَإِنَّهَا لَتُعَادِلُ سُورَةَ الْبَقَرَةِ ، وَلَقَدْ قَرَأْنَا فِيهَا : ( الشَّيْخُ وَالشَّيْخَةُ إِذَا زَنَيَا فَارْجُمُوهُمَا الْبَتَّةَ نَكَالًا مِنَ اللهِ وَاللهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ )

Dans Sahîh d'Ibn Habban (4428), l'Imam Ahmad (hadith No 21207), dans Al Bayhaqi (16911) et Ibn Hazm dans al Mouhall'a (21/175) selon Zirr: « Obay Ibn Ka'b m'a demandé : quelle longueur a la sourate Al Ahzzab. Il lui répond: 73 versets. » Et il ajouta: « Je jure devant Dieu que quand il a été transmis au prophète il était aussi long, et même plus long que la sourate al Baqara (qui comporte 286 versets). Et elle comportait le verset de la lapidation [abrogé]." 

Les versets abrogés 

Ce sont les versets qui, selon certains hadiths comme dans Sahih Muslim et Sunan Ibn Majah, ont complètement disparu du coranDans le hadith dans Sahîh Muslim (ci-dessous), on apprend que l'épouse du prophète Aïcha rapporte qu'il a été révélé dans le Coran un verset selon lequel dix allaitements rendaient le mariage illégal, puis ce verset a été abrogé par cinq allaitements. Et ces versets faisaient partie du Coran à mort du prophète (ce n'est pas le cas aujourd'hui).
صحيح مسلم: كتاب الرضاع؛ باب التحريم بخمس رضعات
عن عائشة رضي الله عنها؛ أنها قالت: "كان فيما أنزل من القرآن: عشر رضعات معلومات يحرمن. ثم نسخن: بخمس معلومات. فتوفي رسول الله صلى الله عليه وسلم وهن فيما يقرأ من القرآن"

Le verset de la lapidation pour adultère


" الشَّيْخُ وَالشَّيْخَةُ إِذَا زَنَيَا فَارْجُمُوهُمَا الْبَتَّةَ نَكَالًا مِنَ اللهِ وَاللهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ "

C'est le verset (de la lapidation) qui aurait disparu du Coran le jour du décès du prophète. En effet, des manuscrits contenant ce verset auraient été mangés par une chèvre le jour du décès du prophète comme décrit dans le hadith ci-dessous !

Hadith dans Sunan Ibn Majah, 1944 :
« Il a été rapporté qu’Aïcha a dit: Les versets de la lapidation et de l’allaitement des adultes ont été révélés; ils étaient transcrits dans un manuscrit sous mon lit. Et quand le Messager d’Allah est mort, nous étions préoccupés par son décès, et une chèvre est venue les manger ».

 عَنْ عَبْدِ اللَّهِ بْنِ أَبِي بَكْرٍ عَنْ عَمْرَةَ - ص 626 - عَنْ عَائِشَةَ وَعَنْ عَبْدِ الرَّحْمَنِ بْنِ الْقَاسِمِ عَنْ أَبِيهِ عَنْ عَائِشَةَ قَالَتْ لَقَدْ نَزَلَتْ آيَةُ الرَّجْمِ وَرَضَاعَةُ الْكَبِيرِ عَشْرًا وَلَقَدْ كَانَ فِي صَحِيفَةٍ تَحْتَ سَرِيرِي فَلَمَّا مَاتَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ وَتَشَاغَلْنَا بِمَوْتِهِ دَخَلَ دَاجِنٌ فَأَكَلَهَا

Ordre des versets et des sourates 

Le Coran a été révélé sur une période de 22 ans. Or, le texte tel qu'il se présente à nous ne reprend pas l'ordre chronologique de ces révélations et n'est pas non plus classé selon un ordre thématique (que ce soit l'ordre des sourates les unes par rapport aux autres ou celui des versets à l'intérieur des sourates).

Qui a fixé l'ordre des versets à l'intérieur des sourates ? Qui a fixé l'ordre des sourates les unes par rapport aux autres ? Quelles sont les fins de versets qui découpent ces phrases ?  Tout cela a été fait par le Prophète sur ordre de Dieu ou bien c'est le fruit d'un effort // "ijtihad " mené par les compagnons ? Comment sont agencés les versets et les sourates dans "اللوح المحفوض" ?

Ces questions font l’objet d’une divergence de points de vues chez les Oulémas (اختلف أهل العلم). La majorité notamment l'Imam Malik et al-Quadi Abou Bakr attribuent les agencements des sourates aux Compagnons (Source : الإتقان في علوم القرآن للسيوطي page 137).
En ce qui concerne les versets, la plupart des Oulémas s'accordent sur le fait que l'agencement dans les sourates a été dicté par le prophète lui-même (Source : الإتقان في علوم القرآن للسيوطي page 134). Mais les fins de versets, qui découpent ces phrases, et la place de l'extrémité de certains versets, ont toujours fait l'objet de divergences d'opinions. Ainsi, des différences sont encore visibles aujourd'hui dans certains versets du Coran selon sa provenance (voir paragraphe des "lectures" plus bas).

Enfin, il est clair que ces divergences n'entraînent pas forcément de différences par rapport au texte coranique lui-même mais quand on parle de certains "miracles" NUMÉRIQUES, tout s'écroule !  

La ponctuation/pointillage // "التنقيط و التشكيل" dans le Coran

Le Coran a été écrit à l'époque du Prophète et il n'y avait ni ponctuation des lettres // "التنقيط" ni pointillage // "التشكيل". La ponctuation des lettres et le pointillage ont été ajoutés à l'époque des Omeyyades pour "faciliter la lecture du Coran aux peuples non arabes conquis". En effet, c'est le gouverneur Omeyyade Al-Hajjaj Ibn Yusuf Taqaf'i // "الحجاج بن يوسف الثقفي" qui entreprit la révision de la graphie Othmanienne avec l’aide d’érudits comme Abu Al-Asswad Addaali // "أبو الأسود الدؤلي" et Al Farahidi // "الخليل بن أحمد الفراهيدي" après lui

Le résultat de cette révision est un Coran avec des ponctuations et un pointillage mais aussi avec plusieurs lettres "alif" // " أ " ajoutées. Ainsi les : عِباد / عَبْد / عبَد / عِناد / عيد / عِنْدَ / عابد pouvaient être le même mot dans le texte original. C'est la même chose pour "paradis" // "جنة / et "serpent" // "حية", etc.

Les "lectures" ou "روايات" du Coran

le Coran ne s’est pas transmit qu'oralement. La transmission s'est faite aussi par les manuscrits. Or les premiers textes arabes, comme mentionné plus haut, ne contenaient ni ponctuation ni pointillage // "التنقيط و التشكيل". Cela peut expliquer les variantes qui existent dans les différents livres du Coran disponibles aujourd'hui.
En effet, selon ce hadith dans Sahih Al Bukhari, il existe sept façons (سبعة أحرف) de réciter (et d'écrire) le Coran. Mais on ne sait pas exactement ce que cela veut dire (il y a une multitude d'explications et de points de vue des oulémas : اختلف أهل العلم في التأويل) !
Ce qui est sûr, c'est l'existence des "Qirâ'ât" // "قراءات" (singulier : Qirâ'a // "قراءة") qui signifient littéralement "lectures" qui sont différentes dans le monde musulman.

En effet, il existe officiellement une dizaine de "lectures" et une vingtaine de "riwayyates" // "روايات". On dit par exemple : "Ce Coran est écrit selon riwayyate Hafs ou de Warsh, etc." // "هذا القرٱن برواية حفص أو برواية ورش؛ الخ".

Coran marocain avec riwayyate "Warch"
Quelles sont les différences entres ces "lectures" ? Est-ce qu'il ne s'agit que de petites différences liées à la prononciation ou bien de différences qui changent le sens des versets et surtout qui fausseraient tout prétendu miracle numérique ?

Le tableau suivant montre quelques différences entre le Coran selon Hafs (le plus répandu dans le monde musulman aujourd'hui) et celui selon Warsh (au Maghreb par exemple) :


Il ne s'agit que de 4 versets et que de deux "lectures" et on remarque déjà des différences notables au niveau de l'agencement des versets, des significations de certains mots ("combattez" n'est pas "tuez") et aussi de l'absence de certains mots (comme dans l'exemple dans sourate Al Hadid). Et il y a 114 versets et 20 "lectures" reconnues officiellement chez les Oulémas.

Pire encore, le célèbre historien du 14e siècle Ibn Al Khatib (mort à Fès) écrivit dans son livre "Al Forqane" qu'il existait, à son époque, 980 "lectures" du Coran Othmanien (Source).

Extrait du livre "Al Forqane" d'Ibn Al Khatib (mort à Fès en 1374),  Page 49

Et le hasard dans tout cela (Bonjour les miracles) ! 

Les gens qui parlent des miracles numériques dans le Coran ne parlent jamais de hasard. Pourquoi ?
Le mot hasard vient de l’ancien français "hasart", de l’espagnol "azar" venant de l’arabe andalou "الزهر" // "a-zahr" « dé, jeu de dés », nommé d’après l’arabe زهر, zahr « fleur » car la face gagnante du dé portait une fleur (Source).

Le mot espagnol "azar", "hasard", vient du fait que des "fleurs", zahr, figuraient sur le dé arabe,
zahr étant devenu par métonymie "dé"
Dans le mosh'af d'Othmane que nous avons aujourd'hui, il y a à peu près : 
- 335 000 lettres
- 77 439 mots
- 6000 versets 
- 114 sourates

Si vous "jouez" avec tous ces chiffres, vous additionnez des nombres, vous comptez des mots dans des versets et sourates et VOUS NE TROUVEZ PAS LES COÏNCIDENCES QUE VOUS CHERCHEZ DEPUIS LE DÉBUT, alors vous venez de découvrir un miracle mais un vrai cette fois-ci ! C'est donc tout à fait normal de trouver des coïncidences de temps en temps, que certains appellent miracles.

Tout cela nous ramène au vieux débat sur le hasard. Est-ce qu'il existe ou pas ? Les scientifiques ont toujours réfuté l'idée selon laquelle un phénomène naturel peut s'expliquer par la coïncidence et le hasard. Mais dans les années 20, des brillants jeunes physiciens élaborent les bases d'une nouvelle science appelé "mécanique quantique" qui n'est basée que sur les probabilités et sur les incertitudes ! Le plus célèbre de ces jeunes physiciens est sans doute Niels Bohr.

Malgré son formalisme très abstrait et son aspect très probabiliste, la mécanique quantique est vérifiée avec une extraordinaire précision. Elle a permis l'invention du transistor en 1947, des circuits intégrés et de toute l'électronique moderne par la suite. Si nous utilisons les ordinateurs et internet aujourd'hui, c'est en partie grâce à la mécanique quantique ! Pourtant, cette science remet en cause beaucoup de concepts de notre monde familier. En particulier, elle argumente en faveur de l’existence du hasard, rejette tout « réalisme local », modifie notre conception d’un « objet », et peine à comprendre les relations entre le monde extérieur et l’observation que nous en faisons.

Tout cela montre qu'il faudrait revoir l’usage qu’on fait des probabilités dans notre vie quotidienne. Les gens qui travaillent dans l'industrie des casinos, par exemple, ont compris l'importance du hasard et arrivent à prévoir des "trading profits" ou "résultats opérationnels" avec une exactitude impressionnante ! C'est paradoxal d'ailleurs de parler de l'industrie du hasard !

Pour finir, on se souvient du débat entre Albert Einstein et Niels Bohr autour de la mécanique quantique dans les années 30 :
Einstein : « La mécanique quantique force le respect. Mais une voix intérieure me dit que ce n’est pas encore le nec plus ultra. La théorie nous apporte beaucoup de choses, mais elle nous approche à peine du secret du Vieux. De toute façon, je suis convaincu que lui, au moins, ne joue pas aux dés ».
Bohr : « Einstein, cessez de dire à Dieu ce qu’Il doit faire » !


Publié par www.reformerlislam.com

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