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lundi 20 février 2017

La fabuleuse histoire d'Ahl al-Kahf "أهل الكهف" (Les Sept Dormants d’Éphèse)

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Lire l'article sur le nouveau site de "comprendre l'islam" :
https://www.comprendreislam.com/blog/2019/1/7/ahlalkahf

Une traduction de l'article en arabe est disponible ici :
http://reformerlislam.blogspot.fr/2017/08/ahlalKahfarabic.html

Tandis que la sourate al-Kahf (la Caverne:18) du Coran est récitée par les fidèles musulmans tous les vendredis, les fidèles chrétiens fêtent les Sept Dormants (gens de la caverne) le 27 juillet dans l'Église latine, le 23 octobre et le 4 août dans les Églises d'Orient. Nous allons, à travers ce billet, partir en voyage pour découvrir ou redécouvrir les origines de cette histoire, véridique pour les musulmans et légendaire pour les chrétiens.



L'histoire dans la culture islamique

L'histoire des Sept Dormants dans la culture islamique est décrite dans la sourate 18 du Coran, Sourate al-Kahf, et elle aurait été révélée au Prophète pendant la période Mécquoise suite à un défi lancé par un noble Mécquois du nom de Nadr ibn al-Harith // "النضر ابن الحارث" (conseillé par des juifs Médinois dont l'objectif était de montrer que le Prophète Mohammad n'était pas un messager de Dieu). Effectivement, Nadr ibn al-Harith aurait publiquement défié le Prophète en l'interrogeant sur ces trois sujets

1. l'âme // "الروح", 
2. l'histoire de "l'homme qui parcourut le monde de l'Orient à l'Occident du nom de Dhû-l-Qarnayn // "ذو القرنين""
3. le nombre et l'histoire des "jeunes dormants qui eurent une étrange aventure dans une caverne"

Lorsque le Prophète entendit ces questions, il dit qu'il y répondrait le lendemain mais les réponses ne furent révélées que quinze jours après. La révélation tarda parce que le Prophète omit d'ajouter la restriction « si Dieu le veut » après « je répondrai le lendemain» (Source: versets 23 et 24 de la sourate al-Kahf : "وَلَا تَقُولَنَّ لِشَيْءٍ إِنِّي فَاعِلٌ ذَٰلِكَ غَدًا (23) إِلَّا أَن يَشَاءَ اللَّهُ ۚ وَاذْكُر رَّبَّكَ إِذَا نَسِيتَ وَقُلْ عَسَىٰ أَن يَهْدِيَنِ رَبِّي لِأَقْرَبَ مِنْ هَٰذَا رَشَدًا").
Quinze jours plus tard, l'Ange Gabriel apporta la révélation de la sourate 18 (la Caverne ou Ahl al-Kahf) qui comporta plusieurs récits dont celui des Sept Dormants décrit entre le verset 9 et le verset 26. Voici des extraits :

[Sourate al-Kahf:18]
9. Ne t’es-tu pas aperçu que les gens de la caverne d’Er-Raqim constituent un de nos signes les plus extraordinaires? 10. [...] 11. Alors, Nous avons assourdi leurs oreilles, dans la caverne pendant de nombreuses années. 12. Ensuite, Nous les avons ressuscités, afin de savoir lequel des deux groupes saurait le mieux calculer la durée exacte de leur séjour. 13. [...] 19. Et c’est ainsi que Nous les ressuscitâmes, afin qu’ils s’interrogent entre eux. L’un parmi eux dit: «Combien de temps avez-vous demeuré là?» Ils dirent: «Nous avons demeuré un jour ou une partie d’un jour». D’autres dirent: «Votre Seigneur sait mieux combien [de temps] vous y avez demeuré. Envoyez donc l’un de vous à la ville avec votre argent que voici, pour qu’il voie quel aliment est le plus pur et qu’il vous en apporte de quoi vous nourrir. [...]. 20. [...] 21. Et c’est ainsi que Nous fîmes qu’ils furent découverts, afin qu’ils [les gens de la cité] sachent que la promesse d’Allah est vérité et qu’il n’y ait point de doute au sujet de l’Heure. [...] Mais ceux qui l’emportèrent [dans la discussion] dirent: «Elevons sur eux un sanctuaire». 22. Ils diront: «ils étaient trois et le quatrième était leur chien». Et ils diront en conjecturant sur leur mystère qu’ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront: «sept, le huitième étant leur chien». Dis: «Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n’en est que peu qui le savent». [...] 23. Et ne dis jamais, à propos d’une chose: «Je la ferai sûrement demain», 24. sans ajouter: «Si Allah le veut», [...] 25. Or, ils demeurèrent dans leur caverne trois cents ans et en ajoutèrent neuf (années). 26. Dis: «Allah sait mieux combien de temps ils demeurèrent là. [...]

Il sera toutefois observé, que la sourate al-Kahf évoque la durée du sommeil des jeunes dormants, qui est de 309 ans, mais elle ne confirme pas qu'ils étaient réellement au nombre de sept, bien que celui-ci soit envisagé comme l'hypothèse la plus vraisemblable puisque le débat sur les supputations concernant leur nombre se termine par cette dernière possibilité. Les commentateurs musulmans se sont attachés à trouver des réponses à cette question. Ainsi le cousin paternel du Prophète, ibn Abbas (حبر الأمة وفقيهها وإمام التفسير وترجمان القرآن), affirme avoir interrogé le Prophète à propos du nombre des Gens de la Caverne et avoir appris de lui qu'ils étaient sept (Source).


Origine de l'histoire dans la culture Islamique
La plupart des Oulémas musulmans ne s'interrogent pas sur l'origine des histoires Coraniques. Ils partent du principe qu'on ne doit pas chercher dans l'origine des révélations. Néanmoins, il y a des exceptions; ainsi Ibn Khatîr // "ابن كثير", en s'exprimant sur le sujet, indiqua : "Certains parmi les exégètes ont dit qu’ils suivaient la religion de Jésus, mais Dieu est le plus savant" (Source : tafsir versets 13-16).

Comme ibn Kathîr, nous allons chercher l'origine de cette histoire et essayer de découvrir quelques traditions qui s'y référent aujourd'hui.

L'histoire dans la culture chrétienne

Cette histoire est très célèbre dans la culture chrétienne. L'Encyclopédie Universalis et l'Encyclopedia Britannica, par exemple, y consacrent des pages et plusieurs ouvrages académiques, mais aussi pour le grand public évoquent l'histoire et ses variantes.

Une différence majeure par rapport à l'histoire dans la culture Islamique est son côté légendaire chez les chrétiens. Elle n'existe pas dans des textes sacrés mais dans des homélies (textes écrits par des religieux visant à expliquer les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne). Le but primordial de la légende était de propager la croyance à la résurrection de la chair.

La légende se déroule à l'époque des persécutions contre les chrétiens lancées par l'empereur romain Dèce en 250 (avant que le christianisme soit proclamé religion d'Etat). Refusant d'abjurer leur foi, sept jeunes hommes chrétiens originaires d’Éphèse (dans l'actuelle Turquie) partent se réfugier dans une grotte située sur le mont Célion. Ils tombent alors dans un profond sommeil durant lequel les soldats de l'empereur découvrent leur lieu de refuge et décident de les y emmurer vivants. Ils ne se réveillent que plusieurs centaines d'années plus tard. Ils ont conservé l'éclat de leur jeunesse et imaginent n'avoir dormi qu'une nuit. L'un deux retourne à Éphèse pour chercher du pain et découvre avec stupeur la présence d'églises resplendissantes, ainsi que les visages étonnés des commerçants lorsqu'il leur présente ses pièce de monnaie de type ancien. On le soupçonne d'avoir découvert un trésor et il est aussitôt conduit chez l’évêque. Interrogé sur l'origine de ses pièces, le jeune homme le mène à la grotte où ses compagnons l'attendent. Après avoir raconté leur histoire, ils se rendorment pour toujours. Leur histoire se répandit dans l'ensemble du Moyen Orient durant les siècles suivants. 


L'Origine de l'histoire

La chronologie de l'histoire est incertaine. Mais malgré que les sources divergent un peu dans le détail, elles s'entendent presque toutes pour placer l’événement sous le règne d'empereur romain Théodose II (vers 440 ap. J.-C.).

Chez les chrétiens d'Orient
Selon les sources Islamiques, on sait que l'histoire était connue avant l'Islam. Ce qui n'était pas connu, même aujourd'hui pour certains, c'est son côté légendaire. Effectivement, cette histoire des gens de la Caverne a connu une grande fortune et il en existe plusieurs versions en grec, en arabe, en latin, en syriaque et dans la plupart des langues orientales Un manuscrit où cette légende est écrite en langue amharique (langue sémitique de l'ancienne Ethiopie) est conservée au British Museum (voir plus bas). Mais la plus ancienne mention se trouve dans des Homélies de "يعقوب السروجي" // Jacques de Saroug (452-521 ap. J.-C.), qui est considéré comme un Saint chez les chrétiens orthodoxes jacobites. Il est l'un des illustres écrivains de la littérature syriaque de tout le Moyen Orient entre le V et le VIe siècle et a laissé plusieurs manuscrits en syriaque parmi lesquels deux homélies concernant les gens de la caverne (Source : Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, Volume 3, Page 874-875).

Voici deux manuscrits (codice vaticano 115 et 217) des homélies de Jacques de Saroug. Le texte original est conservé à la bibliothèque du Vatican :

Le texte syriaque de l'histoire des Sept Dormants d’Éphèse écrit par
Jacques de Saroug vers la fin du 5e siècle et conservé à la bibliothèque du Vatican

D'autres chercheurs (voir plus bas) stipulent que l'origine de l'histoire date d'avant Jacques de Saroug et serait grecque.

Chez les chrétiens en Occident
Les éléments majeurs de cette légende dans la culture occidentale, figurent dans les écrits de Grégoire de Tours (mort en 594 ap. J. -C.). C'est lui qui fut le propagateur de cette légende en Europe occidentale et c'est lui qui traduisit pour la première fois les manuscrits de Jacques de Saroug du syriaque vers le latin. Son livre De gloria beatorum martyrum (en latin) est conservé à la BNF (Bibliothèque nationale de France).


On retrouve aussi le même récit dans l'ouvrage, La Légende Doréerédigé en latin entre 1261 et 1266 par l'archevêque de Gênes Jacques de Voragine, où il raconta la vie d'environ 150 saints ou groupes de saints, saintes et martyrs chrétiens parmi lesquels les Sept Dormants d’Éphèse.


En 1885, l'orientaliste italien Ignazio Guidi, dans son livre I sette dormienti di efeso // "Les Sept Dormants d’Éphèse" traduisit en italien cinq manuscrits à partir de :
  1. textes coptes (page 4 du livre)
  2. textes  syriaques (page 16 du livre)
  3. textes arabes (page 50 du livre)
  4. textes amhariques (page 64 du livre)
  5. textes arméniens (page 90 du livre)
Voici les traductions en arabe du manuscrit écrit en langue copte ancienne des chrétiens d’Égypte, où on retrouve une variante de la légende des Sept Dormants (Source p 13-14 et 15).

Testi orientali inediti sopra i Sette dormienti di Efeso, by Ignazio Guidi, Published 1885 (pages 13,14 &15)

La controverse au sujet de la filiation de la légende
Comme indiqué plus haut, il y a une controverse sur la filiation des manuscrits liés à la légende des Sept Dormants. Le chercheur François Jourdan  la résume dans la page 45 de son livre La tradition des Sept Dormants, Une rencontre entre chrétiens et musulmans, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, :
  1. L'origine latine première est soutenue par Huber [...] Secondairement, elle serait passée en grec, puis en syriaque d'où elle serait revenue au latin par Grégoire de Tours. On sait par ailleurs que les versions coptes et éthiopiennes dérivent du grec.
  2. L'origine grecque est défendue par De Goeje, Ryssel (première manière), Guidi, Peeteres et Honigmann.
  3. L'origine syriaque est représentée par Nöldeke, Heller, Ryssel (deuxième manière) et surtout Allgeier. Du syriaque seraient nés à la fois le grec et le latin


Le gardien des Sept Dormants dans le Coran et dans les Homélies de Jacques de Saroug

Dans le Coran, le gardien des jeunes gens est un chien (verset18:18) "وَكَلْبُهُم بَاسِطٌ ذِرَاعَيْهِ بِالْوَصِيدِ" // "leur chien est à l’entrée, pattes étendues" tandis que dans les Homélies de Jacques de Saroug, ce gardien est un ange.
Voici des explications ou des tentatives d'explications au sujet de cette différence :

1. Dans cette étude académique The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar: A Collaborative Study of  50 Qu'ranic passages, de l'Université de Notre Dame en Indiana.
  

Guillaume Dye, islamologue et orientaliste français, 
professeur à l'Université libre de Bruxelles

2. Dans cette vidéo d'un expert Marocain des vieux manuscrits Coraniques 



Les traditions inspirées de la légende des Sept Dormants d'Ephèse

Dans la région des Côtes d'Armor en Bretagne
La légende des gens de la caverne (Ahl al-Kahf) est répandue en France, et plus particulièrement dans la région des Côtes d'Armor. Ayant un jour accosté en baie de Lannion, des missionnaires chrétiens grecs transformèrent le village de Stivel et son dolmen, en un centre de christianisation et en lieu de célébration de la légende des Sept Dormants martyrs. 
Cette légende est très vivante aujourd'hui grâce à l'attention que l'Orientaliste Louis Massignon porta au village Le vieux Marché, après avoir été frappé, au cours de la cérémonie à laquelle il assista lui-même en 1953, par la ressemblance des paroles d'un ancien chant breton (gwerz) relatant l'histoire des Sept Dormants, avec les versets de la sourate al-Kahf du Coran. Ainsi le lieu devint un lieu de pèlerinage, commun aux musulmans et aux chrétiens et il a lieu le quatrième dimanche de Juillet.


Le dimanche matin, grand messe du Pardon suivie d’une procession qui va à la fontaine où a lieu une cérémonie musulmane où la sourate 18 du Coran est récitée par un Imam et traduite en français (voir la vidéo ci-dessous des éditions 2006 et 2015)



En Jordanie
Sur la base de quelques hadiths et de prétendues découvertes archéologiques, des érudits musulmans situent la grotte des Ahl al-Kahf dans les environs d’Amman.


Dans le sud Tunisien
Dans le sud de la Tunisie, une mosquée à Chenini est appelée “mosquée des Sept Dormants” (Masjid al-Ruqood al-Sebaa), où les gens de la Caverne (Ahl al-Kahf) sont prétendument enterrés dans les environs de la mosquée.


En Allemagne 
Célébration le 27 juin : les Sept Dormants, saints climatiques allemands
Les catholiques allemand célèbrent les Sept Dormants d'Éphèse (Siebenschläfertag). Si cette journée est connue, c’est surtout à cause des dictons climatiques qui l’accompagnent, un peu comme la Saint-Médard des Français (le 7 juin). Il est un fait que la première semaine de juillet est toujours très pluvieuse en Bavière. (Source)

Au Luxembourg
Une légende liée à notre histoire est racontée dans le village Luxembourgeois Hollerich comme on peut le découvrir dans cet ouvrage du 19e siècle (Source : page 87





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mardi 7 février 2017

La crainte de Dieu lors de l'éclipse solaire dans Tintin, dans Apocalypto et dans Sahih Al Bukhari

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La prière de l’éclipse solaire // "صلاة الكسوف", comme celle de l’éclipse lunaire // "صلاة الخسوف" ne sont pas des prière obligatoires mais très recommandées selon la Sun'a // "السنة النبوية". On fait la prière pendant l’éclipse et on fait les invocations jusqu’à la fin parce qu'on pense que Dieu sème la crainte parmi ses adorateurs.

La "sagesse" de l’éclipse solaire (et lunaire) est d’avoir la crainte de Dieu comme on l'apprend dans le hadith dans Sahih Al Bukhari rapporté par ibn Abbas :

Sahih Al Bukhari, Livre de l'éclipse, De la mention (de Dieu) dans les éclipses
Abou-Mousa a dit : "Une éclipse de soleil se produisit ; le Prophète se leva tout effrayé, craignant que ce ne fût l'heure (dernière). Il se rendit à la mosquée et pria en prolongeant ses inclinations et ses prosternations plus que je ne l'avais jamais vu faire, puis il dit : "Ceci est un des signes que Dieu envoie ; ce n'est ni pour la mort, ni pour la naissance de quelqu'un ; mais Dieu sème ainsi la crainte parmi ses adorateurs. Lorsque vous verrez quelque chose de semblable, réfugiez-vous dans la mention de Dieu, dans les prières et les demandes de pardon que vous lui adresserez."

الحديث » صحيح البخاري » كتاب الكسوف » باب الذكر في الكسوف
 رواه ابن عباس رضي الله عنهما

Ressemblance chez les Maya (Vers 2600 av. J.-C. à 1520 ap. J.-C.) et chez les Incas (première partie du deuxième millénaire ap. J.-C.)

Cette éclipse solaire a toujours effrayé les peuples anciens (en Amérique latine ici). Ils ne comprenaient évidemment pas le phénomène du point de vue astronomique et les gouverneurs profitaient de leur ignorance pour les adoucir.

Film Apocalypto 
Réalisé par Mel Gibson, 2006 (civilisation Maya)

Titin
et le temple du soleil (chez les Incas)


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jeudi 2 février 2017

Quand les Maghrébins faisaient payer la "Jizya" // "جزية" aux Américains !

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Vingt-cinq ans après leur indépendance du Royaume de la Grande Bretagne en 1776, les Etats-Unis d’Amérique ont lancé leur toute première action militaire d'outre-mer en 1801 contre les Maghrébins ! 
Cette guerre est connue sous le nom de "Première guerre Barbaresque" et a eu lieu sur la côte de ce que l’on nommait à l’époque les "États Barbaresques" (le sultanat indépendant du Maroc et les trois régences d'Alger, de Tunis et de Tripoli qui étaient des provinces de l'Empire Ottoman).


Contexte Géo-Politico-Religieux 

Au 18e siècle, des pays Européens se voyaient dans l’obligation de payer un tribut (ou Jizya // "جزية") aux "États Barbaresques" pour protéger leurs intérêts commerciaux sous peine de voir leurs navires attaqués en Méditerranée par des pirates envoyés par les gouverneurs des États barbaresques. En effet, quiconque, à cette époque, voyageait en Méditerranée faisait face à la perspective réelle d’être capturé par les corsaires maghrébins et emmenés dans les villes pour être vendu comme esclave. Ce tribut payé par les chrétiens avait une justification religieuse aux yeux des maghrébins comme nous allons le voir plus bas

Après l'indépendance des États-Unis, la marine marchande américaine n'était plus protégée par la marine britannique. Ainsi, les navires américains n'avaient plus aucune protection contre les pirates et la jeune nation n'avait pas les fonds pour payer la "Jizya" annuelle réclamée par les États Barbaresques.

La lettre de Jefferson et Adams

En 1786, Thomas Jefferson et John Adams, alors ambassadeurs américains auprès de la France et de l’Angleterre, rencontrèrent l’ambassadeur des États Barbaresques Sidi Haji Abdul Rahman Adja à Londres. Ces deux futurs présidents essayaient de négocier un traité de paix qui épargnerait aux Etats-Unis les dégâts de la piraterie "barbaresque". Le détail de ces discussions est consultable dans la lettre envoyée par T. Jefferson et J. Adams à leur Secrétaire des Affaires étrangères John Jay (LETTRE).

Voici des extraits de cette lettre traduits en Français :


"Peu de temps après l'arrivée de M. J [Jefferson] à Londres, nous avons eu un entretien avec l'ambassadeur de Tripoli, chez lui.[...]. Nous cherchions des informations pour une paix perpétuelle qui soit, à tous égards, la plus recommandable, parce qu'un traité temporaire laisserait la place pour des demandes croissantes à chaque renouvellement [...]. 

30.000 Guinées pour ses employeurs et £ 3.000 pour lui étaient le minimum qu'il pouvait accepter pour un accord de paix, et cela devait être payé en espèces à la réception du traité signé par son souverain. Tunis traiterait dans les mêmes termes, mais il ne pouvait pas répondre pour Alger ou pour le Maroc.[...]

Nous avons cherché à comprendre les motifs de leurs prétentions à faire la guerre aux nations qui ne leur avaient fait aucun mal et nous avons fait remarquer que nous considérions les Hommes qui ne nous avaient pas fait de mal ni provoqué comme nos amis. [...].

L'ambassadeur nous a répondu que ceci [faire payer la Jizya] était fondé sur les Lois de leur Prophète, que c'est écrit dans leur Coran, que toutes les nations qui n'auraient pas reconnu leur autorité étaient des pécheurs (coupables), c'était leur droit et leur devoir de leur faire la guerre là où ils les trouvaient ainsi qu'avoir des esclaves parmi tout ce qu'ils pouvaient capturer comme prisonniers, que chaque Musulman qui serait tué au combat était sûr d'aller au Paradis."



L’ambassadeur faisait référence à :

[Sourate Tawba9:29] : "Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation (Jizya) par leurs propres mains, en état d'humiliation."


La déclaration de guerre

Lorsque Thomas Jefferson devient président des États-Unis en 1801, il refuse de payer la Jizya et envoie une flotte navale en Méditerranée. Cette dernière bombarde les différentes villes fortifiées de la côte barbaresque. 
Suite au traité signé en juin 1805, les États-Unis sont libérés de l’obligation de payer la Jizya ! 


Pour plus de détails :
http://www.virginia.edu/cnsl/pdf/Turner-Jefferson-Barbary-Pirates-NWC-2010.pdf


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